20251104 croissance, PER, et performance boursière

par | Nov 4, 2025 | Dossiers | 0 commentaires

Relation Croissance/PER/Performance boursiere 

Publié le 4 novembre 2025 | Par Max

🌱 1. Croissance du Chiffre d’Affaires (CA)

  • Effet sur le PER et la performance boursière :

    • Une forte croissance du CA (soutenue et crédible) tend à augmenter le PER, car les investisseurs paient plus cher aujourd’hui pour des bénéfices futurs plus élevés.

    • Si la croissance est supérieure aux attentes du marché, la performance boursière est souvent positive (réévaluation du titre).

    • En revanche, une croissance sans rentabilité finit par être sanctionnée : les investisseurs veulent voir le levier sur les marges et le cash-flow.


💰 2. Marges (brutes, opérationnelles, nettes)

  • Les marges indiquent la capacité à transformer les ventes en bénéfices.

  • Une entreprise avec des marges stables ou en hausse démontre une bonne discipline opérationnelle.

  • Lien avec le PER :

    • Des marges élevées soutiennent un PER plus haut, car elles signalent un modèle économique robuste et durable.

    • Si la marge se dégrade, le marché anticipe une baisse des bénéfices → le PER se contracte.

  • Lien avec la performance boursière :

    • L’expansion des marges est l’un des principaux moteurs de revalorisation des actions, surtout dans les secteurs matures où la croissance du CA est limitée.


🧮 3. EBITDA (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization)

  • L’EBITDA mesure la rentabilité opérationnelle “pure”.

  • Il permet de comparer les entreprises avant les effets de structure financière et fiscale.

  • Croissance de l’EBITDA = signal fort d’efficacité et de levier opérationnel.

  • Lien avec PER et performance :

    • Une hausse durable de l’EBITDA entraîne souvent une revalorisation boursière, car elle se traduit par une meilleure génération de cash.

    • Le PER baisse mécaniquement si le prix reste stable et que les bénéfices montent (→ le titre devient “moins cher” et donc attractif).


💸 4. Free Cash Flow (FCF)

  • Le Free Cash Flow est ce qu’il reste après tous les investissements nécessaires pour maintenir la croissance.

  • C’est le flux qui peut être distribué aux actionnaires (dividendes, rachats d’actions).

  • Lien avec valorisation :

    • Les marchés valorisent les entreprises sur la valeur actualisée de leurs FCF futurs (modèle DCF).

    • Une croissance du FCF soutient directement la hausse du cours.

    • Des FCF négatifs peuvent être tolérés seulement si la croissance future est forte et crédible.


📈 5. PER (Price / Earnings Ratio)

  • Le PER traduit les attentes du marché sur la croissance et la rentabilité futures.

  • PER élevé : le marché anticipe une forte croissance et des retours futurs importants.

  • PER faible : le marché doute de la croissance, de la rentabilité ou craint un risque spécifique.

  • Le PER baisse si :

    • Les résultats stagnent ou baissent.

    • Le marché révise à la baisse les perspectives de croissance.

    • Les taux d’intérêt montent (car le coût du capital augmente).


📊 6. Synthèse : interactions entre variables

Variable Impact sur PER Impact sur performance boursière
Croissance du CA ↑ si rentable ↑ si supérieure aux attentes
Marges ↑ si expansion ↑ si amélioration structurelle
EBITDA ↑ si progression régulière ↑ (levier opérationnel visible)
FCF ↑ si positif et croissant ↑ (plus de valeur pour l’actionnaire)
PER Dépend des attentes et du cycle ↑ si les bénéfices justifient la valorisation

💡 7. En résumé visuel

Croissance rentable + FCF croissant → hausse du PER et du cours.
Croissance sans cash → PER sous pression.

👉 En pratique, la performance boursière à moyen/long terme dépend surtout de :

  • la croissance des bénéfices par action (EPS),

  • la capacité à générer du cash,

  • et la stabilité ou expansion du multiple (PER).

📉 Quand la croissance ne suffit pas : le paradoxe d’une entreprise performante au PER en déclin


🚀 Une entreprise en pleine santé… sur le papier

Imaginons une entreprise qui, pendant dix ans, affiche un parcours exemplaire :

  • une croissance régulière du chiffre d’affaires,

  • des marges opérationnelles solides,

  • et une génération de Free Cash Flow en constante progression.

Sur le plan fondamental, tout semble parfait.
Mais, contre toute attente, le marché décide de diviser par deux le multiple de valorisation (PER) appliqué à ses bénéfices.

Même si les profits montent, le prix payé pour chaque euro de bénéfice baisse.
Résultat : la performance boursière devient médiocre malgré la qualité économique de l’entreprise.


📊 PER et valorisation : une question de perception

Le PER (Price to Earnings Ratio) traduit les attentes du marché vis-à-vis du futur.

  • Un PER élevé = anticipation d’une forte croissance.

  • Un PER faible = attentes faibles, normalisation ou hausse du coût du capital.

Si le PER passe de 30 à 15 sur dix ans, cela veut dire que le marché :

  • n’attend plus de croissance exceptionnelle, ou

  • exige un rendement plus élevé pour le risque pris.

Autrement dit : la perception change, pas les fondamentaux.


💵 Quand la croissance ne compense plus la contraction du multiple

Prenons un exemple simple :

  • Bénéfice par action (EPS) : +10 % par an sur 10 ans

  • PER : divisé par 2 (de 30 à 15)

Au bout de dix ans :

  • L’EPS est multiplié par 2,6

  • Le PER est divisé par 2

➡️ Cours de l’action = EPS × PER
= 2,6 × 0,5 = +30 % seulement en dix ans.

👉 Une croissance exceptionnelle des bénéfices, mais une performance boursière décevante.


💼 Le cas Microsoft : le géant que plus personne ne voulait

L’histoire de Microsoft entre 2000 et 2013 illustre ce phénomène à la perfection.

  • Après l’euphorie de la bulle internet, Microsoft affichait une croissance solide :

    • Chiffre d’affaires en hausse,

    • Marges opérationnelles supérieures à 30 %,

    • Et un Free Cash Flow massif et régulier.

Pourtant, le marché ne voulait plus de l’action.

Entre 2001 et 2013 :

  • Le PER de Microsoft est passé de plus de 30 à environ 10–12.

  • Le cours de l’action a stagné autour de 25–30 dollars pendant plus d’une décennie.

  • Pendant ce temps, le bénéfice net a doublé, et le FCF a explosé.

💬 “Microsoft était devenue une cash machine ignorée, parce qu’elle n’était plus à la mode.”

Ce n’est qu’à partir de 2014–2015, avec l’arrivée de Satya Nadella et le virage vers le cloud (Azure, Office 365), que le marché a réévalué la croissance future — et que le PER est remonté.
Résultat : le cours de l’action a été multiplié par plus de 10 depuis cette date.


🧭 Les leçons pour l’investisseur

  1. La performance boursière = croissance des bénéfices × évolution du multiple.
    Une croissance bénéficiaire solide ne suffit pas si le marché réévalue à la baisse la prime de croissance.

  2. Le marché récompense la surprise, pas la perfection.
    Si tout est déjà intégré dans le prix, même une belle exécution n’ajoute plus de valeur.

  3. La patience et le prix d’entrée sont essentiels.
    Ceux qui ont acheté Microsoft à 12x les bénéfices vers 2012 ont connu l’un des meilleurs rendements de la décennie suivante.


⚖️ En conclusion

Le cas Microsoft montre que croissance, marges et cash-flow ne garantissent pas la performance boursière, si le marché réduit ses attentes.

🔍 Ce n’est pas la croissance qui fait monter le cours,
mais la croissance mieux que prévue.

La compression du multiple est un phénomène puissant : elle peut neutraliser dix ans de progrès économique, mais aussi préparer le terrain pour la prochaine revalorisation — quand la perception finira par rattraper la réalité.


📈 Moralité

Même les meilleures entreprises peuvent être de mauvaises actions pendant un temps,
mais les bonnes entreprises sous-valorisées finissent toujours par redevenir d’excellents investissements.

🧭 L’art d’investir en toute sécurité : acheter bas, comprendre les attentes, et laisser le temps faire son œuvre


💡 Le principe fondamental : la sécurité vient du prix payé

En Bourse, la sécurité ne vient pas de la taille d’une entreprise, ni même de sa réputation.
Elle vient du prix que l’on paie.

Un investisseur qui achète une entreprise solide à un PER faible achète, en réalité, une marge de sécurité.
Cette marge protège contre les aléas du marché, les révisions d’anticipations et même certaines erreurs d’analyse.

“Le risque ne vient pas de la volatilité du cours, mais de payer trop cher pour une histoire séduisante.”
Parafrase inspirée de Benjamin Graham


📉 Acheter bas : comprendre la notion de “PER relatif”

Le PER (Price/Earnings Ratio) n’est pas qu’un chiffre : c’est une boussole psychologique du marché.

  • Un PER élevé signifie que le marché a déjà confiance dans la croissance future.

  • Un PER faible traduit au contraire le désintérêt ou le scepticisme.

Mais tout est relatif au secteur :

  • Une entreprise technologique à PER 20 peut être bon marché si ses pairs se traitent à 30.

  • Une société industrielle à PER 10 peut être chère si le marché l’évalue généralement à 8.

👉 L’important n’est pas le PER absolu, mais la comparaison entre le prix payé et les perspectives réelles.


🧩 La clé : comprendre les attentes du marché

L’erreur la plus fréquente des investisseurs est de confondre qualité et opportunité.

Une entreprise peut être :

  • excellente,

  • rentable,

  • en croissance,
    et pourtant être une mauvaise affaire si toutes ces qualités sont déjà intégrées dans le cours.

Exemple :

Si le marché attend +15 % de croissance annuelle et que l’entreprise délivre +10 %,
le résultat sera souvent une baisse du cours, même si le bénéfice augmente.

À l’inverse, une société “oubliée” à PER 10, dont on n’attend rien, peut doubler si elle affiche +8 % de croissance stable et du cash-flow.

👉 Ce n’est pas la performance absolue qui compte, mais la différence entre les attentes et la réalité.


📈 La stratégie du long terme : patience et discipline

Un investisseur à la recherche de sécurité et de rendement durable doit adopter une approche contre-intuitive :
acheter quand les fondamentaux sont bons mais ignorés, et attendre que le marché les redécouvre.

1. Acheter bas (marge de sécurité)

  • Chercher des entreprises solides financièrement (bilan sain, cash-flow positif).

  • Vérifier que le PER est inférieur à la moyenne sectorielle ou historique.

  • S’assurer que le pessimisme du marché n’est pas lié à un problème structurel.

2. Ne pas se tromper sur les attentes

  • Lire entre les lignes des commentaires de marché : qu’attend-on réellement ?

  • Si le consensus prévoit une stagnation, mais que les fondamentaux s’améliorent discrètement, c’est souvent une zone d’opportunité.

  • Si tout le monde est déjà euphorique, le potentiel est probablement limité.

3. Laisser le temps faire son œuvre

  • Les multiples se réajustent lentement.

  • Un titre délaissé aujourd’hui peut redevenir à la mode demain.

  • Le rendement vient de deux moteurs :
    (a) la croissance des bénéfices,
    (b) la réévaluation du multiple.


🏦 Exemple concret : le “retour des oubliés”

Prenons le cas des grandes entreprises “value” au début des années 2010 — Microsoft, Apple (post-iPod) ou même LVMH après 2008 :

  • Leur PER avait chuté à des niveaux historiquement bas.

  • Le marché doutait de leur croissance future.

  • Pourtant, leurs bilans et cash-flows restaient exemplaires.

Ceux qui ont su acheter dans l’indifférence ont bénéficié ensuite :

  • de la croissance réelle des résultats,

  • et de la revalorisation du PER quand le marché a reconnu leur valeur.

Résultat : des performances spectaculaires, avec un risque minimal.


⚖️ Synthèse : la sécurité vient du bon couple “prix – attentes”

Élément Objectif Risque si négligé
Prix (PER, valorisation) Acheter avec marge de sécurité Payer trop cher pour la qualité
Attentes du marché Identifier le consensus implicite Sous-estimer le risque de déception
Fondamentaux réels Vérifier la solidité intrinsèque Acheter une “value trap” (piège à valeur)

🔍 La sécurité maximale en Bourse vient de comprendre mieux que le marché ce que le marché croit déjà savoir.


🕰️ En conclusion : la sagesse de l’investisseur patient

La véritable sécurité en Bourse ne se trouve pas dans la fuite vers les grandes capitalisations ou les dividendes,
mais dans la discipline d’achat à bon prix et la compréhension fine des attentes.

Acheter une entreprise de qualité à un prix modéré,
et attendre que le marché réalise son erreur,
reste la formule la plus éprouvée du long terme.

“Le temps est l’allié de l’entreprise solide, mais l’ennemi de celle qui a été payée trop cher.”
Warren Buffett

Je travaille sur l’écart fondamentaux/performance boursière depuis un moment avec l’aide d’outils performants (et dans lesquels on se perd un peu) mais c’est cette excellente vidéo qui m’a donné envie de mettre tout ca à plat (ca permet de se recentrer et sortir de la technique pour mieux apprécier le tableau d’ensemble) :
https://www.youtube.com/watch?v=F20Y_iWA9Y8

PS : ce gérant est admirable, mais pour moi qui suit tourné vers l’exterieur de l’U.E., je trouve qu’il minimise grandement le risque de la région prise dans son ensemble : par ex si l’AFD arrive au pouvoir en Allemagne, de mon point de vue l’U.E. risque de cesser d’exister dans sa forme actuelle, et c’est vrai aussi pour plusieurs leaders de pays européens qui ne veulent plus d’une UE aussi dirigiste et centrale.
Plusieurs réunions et analyses économiques ont souligné la gravité de la situation allemande sur fonds de crise énérgétique et de transition écologique, avec des appels à des solutions radicales – si l’un des grands pays comme l’Allemagne change les regles, toute la zone est touchée, c’est aussi vrai pour la France dans le sens ou elle risque de ne plus pouvoir se financer à moyen terme vu sa situation délicate. 
J’ajoute que ca a deja commencé avec des revers pour l’Europe dans les elections récentes ou dans les motions de censure opposées à Van Der Leyen.

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